RSS

Afrique du Sud

20 Nov

[Ecrit par Alicia]

Namaqualand: il y a peu, ce nom ne signifiait rien pour nous. Découvert sur les pots des petites plantes grasses que nous collectionnons à la maison, il désigne en fait une région aride du nord de l’Afrique du Sud, dont la plupart d’entre elles sont originaires. Rapidement, cette zone est devenue notre objectif ou plutôt un prétexte au voyage. Alors, il y a plus d’un an déjà, nous enfourchions nos bicyclettes à destination de cette contrée mystérieuse, berceau de nos succulentes. 20 000 km plus tard, nous voici aux portes de l’Afrique du Sud, sur les rives de l’Orange River.

Habités par le souvenir de l’époustouflant spectacle namibien, perdus dans un rêve cotonneux et douillet, dissous dans l’espace et le temps, nous accompagnons nos montures bien habituées aux pistes chaotiques, happées par l’appel de la rivière.

DSC09161

DSC09106

DSC09184

DSC09121

DSC09150

L’aridité laisse soudain place à un jardin d’Eden verdoyant où la faune et la flore n’ont plus l’air de se battre pour survivre. Nos yeux redécouvrent certaines couleurs, comme le vert par exemple qui avaient disparu de notre palette visuelle; nos corps, la joie d’une bonne baignade dépoussiérante que nous savourons dans une paisible solitude.

DSC09189

DSC03050

DSC03000

DSC09315

DSC09396

Nos esprits jouissent de l’instant présent, d’être ici, maintenant, seuls, intemporels et sereins. Pourtant, nous savons que dans quelques semaines nous serons en France, et l’idée du retour m’angoisse.
Soudain, un choc à l’arrière de mon vélo me sort de mes songes. Un motard chevauchant trop fièrement une trop grosse BMW, faisant le kéké en slalomant entre nous me percute violemment. L’une de mes sacoches arrière vole et je manque de me vautrer. Le fautif, entendant mes cris de colère (dont vous imaginez le niveau sonore!) me jette un vague coup d’œil et s’enfuit. Il y a plus de peur que de mal. Après un si long parcours sans encombre, se faire heurter par un c** de touriste prétentieux et irrespectueux nous plonge dans une hystérie folle. Welcome to South Africa!
DSC03054
La traversée de la Namibie nous a déphasés: nous ne sommes plus habitués à rouler sur du bitume, à voir tant de villages, à pouvoir nous ravitailler chaque jour en eau et en vivres. Nous persistons tout de même à camper dans la nature, contraints à sauter par dessus les clôtures qui quadrillent le territoire en d’énormes parcelles pourtant vides de bétail. Parfois, de rares troupeaux de vaches aux côtes saillantes errent autour du campement. Là encore, les saisons des pluies n’ont pas été suffisantes ces dernières années. Le sol rocailleux, autrefois régulièrement recouvert de verdure, se retrouve à nu.
Seules les plantes grasses du Namaqualand jouissent de cette aridité, emmagasinant de l’eau chacune à sa façon pour les périodes de sécheresse, usant de techniques sophistiquées pour se protéger du soleil. Leur diversité, leur adaptabilité, leur complexité et la beauté des fleurs qu’elles produisent, aux formes et aux couleurs hallucinantes, me fascinent. Je ne pensais pas un jour pouvoir camper au milieu d’elles. Mon rêve est plus que réalisé; nous pouvons rentrer!

DSC09245

DSC09252

DSC09272

DSC09281

DSC09344

DSC09347

DSC09446

Notre soif de découverte et d’aventure apaisée, nous ne prévoyons pas de nous attarder en Afrique du Sud. Fini les détours: nous longeons la côte de l’océan Atlantique, cap sur Cape Town considérée comme l’une des villes les plus dangereuses au monde.

DSC09383

DSC03410

DSC09327

DSC09339

DSC09359

DSC09389

DSC09408

La tension est palpable dans ce pays encore marqué par l’Apartheid. Les inégalités, le chômage, le désœuvrement, la corruption, … engendrent un climat de violence, entre Noirs (Zoulous, Xhosas, migrants de pays limitrophes), entre Noirs et Blancs, entre très riches et très pauvres…. Certains Afrikaners (descendants des colons hollandais) quittent le pays, estimant ne plus y avoir d’avenir face à la discrimination positive dont ils se sentent victimes, à la redistribution des terres,… D’un autre côté, les villas de milliardaires jouxtent les townships où s’entassent des millions de miséreux, et où même la police ne met pas les pied. Souvent les gens s’étonnent que nous ne soyons pas armés. Nous nous trouvons dans une cocote minute qui mystérieusement n’a pas encore explosé. Depuis la mort de Mandella, la pression monte sans cesse, et il est difficile d’imaginer comment desamorcer ce merdier.
Malgré cela, grâce aux supers copains de copains qui nous hébergent et nous choient, à leurs conseils et à une certaine politique de l’autruche, notre séjour à Cape Town se révèle agréable, avec entre autres une randonnée sur la Table Mountain, une montagne située en plein milieu de la ville, offrant un panorama sur le Cap de Bonne Espérance. Qui aurait cru que les 1000 mètres de dénivelé à grimper nous causeraient de telles courbatures, à nous dont les guibolles sont particulièrement échauffés? A croire qu’après tant de mois de vélo, nos corps ont oublié comment marcher!

DSC09434

DSC09427

Puis vient le temps des dernières fois: dernier démontage de tente, dernier braii (barbecue, en Afrikaan, une coutume sociale incontournable en Afrique du Sud), derniers kilomètres à vélo…chaque geste devenu routinier prend une toute autre signification et la mélancolie du retour nous envahit petit à petit.
Démonter nos bicyclettes qui nous ont portés si loin est émouvant, mais nous n’avons guère le temps de nous troubler car il est déjà l’heure de décoller, de dire au revoir à l’Afrique.
Nous laissons derrière nous beaucoup de choses, tant de souvenirs, d’aventures, de rencontres furtives mais intenses, tant de rires et de pleurs aussi. Comment reprendre pied, retrouver le chemin de la réalité, tourner la page sans pour autant oublier?Comment intégrer cette expérience inoubliable à notre vie quotidienne? Comment trouver les justes mots pour partager cela avec vous, pour répondre à vos « Alors, c’était bien? »?
Et qu’en est-il de nous, Ali et Sam, ces 2 êtres qui ont été chacun pour l’autre d’extraordinaires, d’exceptionnels et fabuleux compagnons de voyage, des complices de tous les moments, liés à jamais par ces souvenirs?
Sam et Ali
L’incroyable aventure humaine que nous avons vécue a changé à jamais notre perception de la vie. Nous gardons désormais un œil pointé vers l’horizon, à guetter les belles surprises que nous réserve l’avenir.
DSC03955
 
1 commentaire

Publié par le 20/11/2015 dans Récits de voyage

 

Une réponse à “Afrique du Sud

  1. MarieChat

    20/11/2015 at 4:07

    Un ❤ énorme suffira .Libre à vous son interprétation!

    J’aime

     

Laisser un commentaire