RSS

Petite bibliothèque de voyage

16 Août

La lecture est une compagne idéale en voyage. Elle offre des moments de détente après une journée d’efforts. Elle permet aussi, quand elle est en rapport avec les contrées traversées, de comprendre un peuple, une situation, à travers une fiction, une étude, une biographie. Voici une liste commentée des bouquins que nous avons lus au cours de notre escapade africaine, et que nous compléteront au fur et à mesure.

SUR L’AFRIQUE EN GENERALE:
Le Sanglot de l’homme noir (Alaian, Mabanckou): Un essai sur l’ « identité noire », où plutôt LES identités, qui remet en cause le concept de négritude pensée notamment par Aimé Cesaire. Mabanckou, d’origine congolaise, ayant vécu en France et installé maintenant aux Etats Unis aborde les souffrances, les fiertés, les complexes et les frustrations, à la fois des Noirs d’Afrique, de ceux issus de la traite des esclaves, et des émigrés récents, qui vivent désormais dans des mondes très différents. Il invite aussi à tirer un trait sur les douleurs de l’histoire (traite et colonisation) et à passer à autre chose. Un petit livre qui se lit très vite et facilement.

Petite histoire d’Afrique (Catherine Coquery Vidrovitch): Destiné au grand public, cet ouvrage retrace l’histoire de l’Afrique de ses origines humaines à nos jours, en insistant particulièrement sur les périodes d’esclavage (par les Africains eux-même, les Arabes et les Européens) et des colonies. C’est une analyse partisane (l’auteur aime ce continent), honnête et documentée, qui prétend rectifier les propos des historiens « eurocentrés » et combattre les idées reçues. Cette lecture nous a beaucoup aidé à comprendre l’Afrique.

Africa, états faillis, miracles ordinaires (Richard Dowden): Dowden est un journaliste anglais qui a passe sa vie à parcourir l’Afrique. Il la connaît sous toutes ses coutures. Couvrant la majorité des événements qui ont secoué le continent depuis les indépendances, il a connu un bon nombre de grandes figures. Il s’est aussi toujours intéressé aux populations ordinaires. Dans ce recueil, il nous livre une foule d’observations, d’histoires, d’informations et de réflections éclairantes. C’est un texte complet et précis sur l’Afrique d’aujourd’hui. A lire sans hésiter.

Négrologie (Stephan Smith): Cette étude géopolitique, sans complaisance, à travers l’énoncé de faits réels, explique comment l’Afrique s’est enlisée depuis les indépendances. Au centre de la critique, la « négrologie », ce sentiment identitaire quelque peu artificiel, qui maintient le continent en marge du « développement ». Ce bouquin écrit par un journaliste (Libé puis le Monde), nous apprend énormément sur les coulisses de la politique africaine, voire mondiale, et sur l’histoire contemporaine. On souhaiterait cependant connaître la suite: l’édition a 12 ans.

La Chinafrique (Michel Beuret): Cette enquête de terrain s’intéresse à la récente et massive implantation de la Chine en Afrique. Pourquoi, comment, et avec quelles conséquences positives ou négatives pour le continent. Instructif! A lire!

Voyage au pays du coton; petit preci de mondialisation coton (Erik Orsenna): Le coton est un prétexte idéal pour illustrer la mondialisation. De sa production à sa transformation, Orsenna nous emmène pour un tour du monde très instructif qui nous en dit long sur les réalités sociales, stratégiques, politiques et économiques. Un livre que l’on suit comme un fil de coton

Afrique, l’histoire à l’endroit (Bernard Lugan): Etude qui développe des thèses plutôt contestables frôlant le racisme, et qui retaille l’histoire de l’Afrique avec l’oeil du colonisateur. Il faut s’accrocher pour lire ce bouquin qui caricature l’air de rien les Noirs en abrutis, les Arabes en méchants et les Blancs en gentils un peu trop bon. C’est l’antithèse du livre de Catherine Coquery Vidrovitch mentionné plus haut. Il est cependant intéressant d’entendre un son de cloche différent. Certains raisonnements si malhonnêtes soient-ils, partent de constats objectifs qu’on ne peut nier. A lire avec des pincettes.

God Bless Africa (Bernard Lugan): Plus récent, ce bouquin reprend les thèses de « L’histoire a l’endroit ».

Léon l’Africain ( Amin Maalouf): Né en 1488, Jean Léon de Medicis, dit l’Africain n’est ni d’Afrique, ni d’Europe, ni d’Arabie. Il a sillonné le monde pendant une quarantaine d’années, chaque fois chassé, poussé sur la route par des événements de l’histoire. Sa vie est un voyage de son enfance à Grenade, à ses angoisses à Fes, de sa passion au Caire vers une retraite de sagesse à Rome. Cette biographie est une invitation au voyage et un message d’ouverture sur les différences culturelles.

MAGREB

Sahara (Cizia Zike; Sahara): Ce roman autobiographique quelque peu fantasque nous plonge dans une aventure où immoralité et humour se conjuguent avec brio, à une époque où le Sahara était encore fréquentable. J’adore, mais attention, c’est pas de la littérature pour enfants de chœur. Dans la suite de l’épisode publié sous le titre « Oro » (qu’on peut lire indépendamment), l’auteur dépasse vraiment les bornes de le décence. J’adore encore plus…

Le Touareg (Alberto Vasquez Figueros; Sahara): La richesse de Garcel, le Touareg, provient du seul puits connu à des lieues à la ronde. Respectueux des traditions ancestrales et sacrées, il offre l’hospitalité à deux fugitifs, ignorant que l’un d’eux est un indépendentaliste dont la tête est mise à prix par le régime. Aussi, Garcel n’hésite pas à obéir à son devoir quand cet homme est enlevé. Pour le retrouver, il entreprend un voyage des plus téméraires, la traversée du Grand Erg. L’enfer sur Terre! Un roman sympa.
L’enfant du sable (Tahar Ben Jelloun; Maroc): Ce roman raconte la vie d’Ahmed, 8éme fille d’un père qui, au désespoir de n’avoir pas d’héritier mâle, décide de l’élever en garçon. Bien que le sujet soit intéressant et nous plonge dans la société traditionnelle marocaine, ce récit plein de rebondissements et de situations invraisemblables reste un peu difficile à suivre.
La boite à merveille (Ahmed Sefroui; Maroc): Cette histoire simple, sans prétention et sans suspense, est avant tout un tableau très juste de la vie urbaine marocaine. Une petite tranche de vie qui nous immerge dans les dédales d’une médina et dans l’intimité d’une famille. L’étude de ce roman est au programme du bac marocain.
Le trésor du Rif (Pierre Bonin): En 1927, le lieutenant Charles Perrier, commandant d’une compagnie de le légion étrangère au Maroc est expédié pour pacifier la vallée de l’oued Ziz, que nous avons traversée. Sa mission prend une toute autre tournure lorsqu’une grande quantité d’armes datant de guerres passées est retrouvée et devient l’enjeu des différents caïds. Un livre intéressant malgré les détails rébarbatifs des stratégies de combat et les histoires d’amourette à l’eau de rose des soldats de la compagnie.

AFRIQUE DE L’OUEST


Mémoires (Amadou Ampaté Ba ; Mali): Recueil de deux ouvrages trouvables séparément: « Amkoulel, l’enfant peul » et « Oui mon commandant ». A travers son autobiographie, Ampaté Ba nous raconte avec une grande précision et moultes détails la vie sous la colonisation française en Afrique de l’Ouest, notamment au Mali. Il nous éclaire à la fois sur l’organisation traditionnelle de son peuple (castes, religion, coutumes) et sur le rôle joué par les colons. Ces bouquins très denses sont une mine d’informations utiles pour comprendre cette partie du continent.

Allah n’est pas oblige (Amadou Kourouma; Sierra Leone et Liberia): Kourouma nous entraîne dans les pires tourments des guerres de Sierra Leone et du Liberia avec un humour décapant et un détachement qui désarçonne. Le narrateur, un enfant soldat sans foi ni loi, baladé d’une faction à l’autre en compagnie de son inséparable tuteur marabout féticheur, nous tient en haleine dans une tragédie curieusement comique, qu’il vaut mieux lire que vivre! Le style d’écriture qui peut parfois agacer, est garant de la proximité que le lecteur entretient avec l’histoire. A lire sans hésitation!

Le soleil des indépendances (Amadou Kourouma; pays imaginaire): Kourouma raconte l’histoire de Fama, dont le commerce est ruiné par l’indépendance. Sont traités les thèmes de la déliquescence de la société post-coloniale, la condition des femmes, la confrontation entre la tradition, l’islam et la nouvelle réalité. Très bon bouquin. On s’y croirait!
En attendant le vote des bêtes sauvages (Amadou Kourouma; pays imaginaire): Au cour d’une cérémonie purificatoire, un griot raconte la vie du président dictateur Keyaga, de sa naissance dans la tribu des hommes nus à son ascension à la tête de la république du Golfe en usant de la sorcellerie et de l’assassinat. Il a notamment parcouru l’Afrique de la guerre froide, prenant des leçons de despotisme auprès de ses collègues (sosies de Sekou Toure, Bokassa, Mobutu,…) Cette saga se déroulant dans un pays africain imaginaire, pleine de sarcasmes mêle hommes et bêtes sauvages, magie et politique, conte et chroniques historiques. Ce livre surprend d’abord par sa forme originale:un récit oral, chanté entrecoupé par des danses et des proverbes. Malgré les redondances de ce style, on ne s’en lasse pourtant pas et l’on rit de la puissance d’évocation dont use l’auteur.
Une si longue lettre (Mariama Ba; Sénégal): Cette lettre d’une Sénégalaise à une amie d’enfance raconte le quotidien intime des femmes africaines. C’est un cri de douleur, un témoignage poignant sur la condition des femmes, sur la polygamie, sur ce qu’elles endurent juste parce que leur mari (pour prouver aux autres sa richesse) a choisi de prendre une autre épouse. Un roman émouvant.
Azizah de Niankok (Henri Crouzat;Togo): Satire des sociétés coloniale et indigène à l’aube du processus de décolonisation de l’Afrique de l’ouest. Avec drôlerie et finesse, l’auteur dépeint un tableau des principaux acteurs de ces territoires. On s’attache facilement a Azizah, la belle et innocente métisse écartelée entre le monde noir et le monde blanc. On s’indigne devant les propos colonialistes des blancs et le racisme des noirs entre eux. On rit des ambitions minables des petits fonctionnaires, de l’infidélité des épouses françaises, du pathétique des missionnaires s’échangeant les maîtresses noires, des religieuses venues sauver les âmes…
La pièce d’or (Ken Bugul; Sénégal): Des campagnes en déclin, aux bidonvilles de la capitale, ce roman traite de l’exode rural, du délitement de la société traditionnelle et d’espoirs politico-mystiques un peu difficile à cerner. Une histoire un peu glauque, mais originale et surprenante.
Madame Bâ (Erik Orsenna; Mali): Pour retrouver son petit-fils préféré qui a disparu en France, avalé par l’ogre du football, Madame Bâ Marguerite, née en 1947 au Mali, sur les bords du fleuve Sénégal, présente une demande de visa. Une à une, elle répond scrupuleusement à toutes les questions posées par le formulaire officiel 13-0021. Sans fard ni complaisance, c’est l’Afrique d’aujourd’hui qui apparaît au fil des pages. A lire!
Les bouts de bois de Dieu (Sembene Ousmane; Sénégal): C’est le récit de la lutte syndicaliste des cheminots de la ligne Dakar-Bamako en 1947: on y traite de leurs espoirs, leur apprentissage du syndicalisme, de l’éveil de la conscience politique, de leurs rapports avec les colons, de l’implication des femmes dans la lutte, … Un document fiction intéressant, mais on aimerait avoir plus de matière pour s’attacher aux personnages.
AFRIQUE CENTRALE ET ORIENTALE
L’Abyssin (Jean-Christophe Ruffin; Éthiopie): Une histoire d’amour et des concours de circonstance entraînent le héro dans une incroyable épopée du Caire à la mystérieuse Abyssinie, puis dans une France déchirée par les guerres de religion. Ce roman historique nous apprend long sur l’Éthiopie et les religions chrétienne, copte, catholique et protestante. Une écriture digne de son auteur, c’est-à-dire savoureuse.
Mémoires du Fleuve (Christian Deudet; Gabon): Jean Michonnet, métis du Gabon, etait un des derniers explorateurs d’une Afrique sauvage. Recruteur de main d’oeuvre indigène, entrepreneur, braconnier, initié de la société secrète du Bwiti, c’est un personnage haut en couleur qui est présenté dans cette biographie romanesque. Une incursion captivante au coeur de la forêt équatoriale.

Le retour des caravelles (Lobo Autunes; Angola): Durant la décolonisation de l’Angola, des milliers de Portugais regagnent un pays qui n’est plus vraiment le leur. Ils ont tout perdu. Ce drame est raconté par un auteur particulièrement farceur doté d’un humour très personnel. Si on adhère à l’originalité du style d’écriture, on lira ce bouquin avec plaisir.
Un train et des lions; une épopée africaine (Pierre Colosso, Kenya): En 1889, l’Angleterre se lance le défi fou de construire une ligne ferroviaire reliant Mombasa sur la côte de l’océan indien aux rives du Lac Victoria via Nairobi dans le but de contrôler les sources du Nil. Un millier de kilomètres, 7 années de chantier où le colonisateur se heurte aux paysages acérés de l’Afrique, à sa faune exubérante (lions, mouches tsé-tsé,…), aux tribus peu habitués aux contacts avec l’homme blanc, à sa situation géopolitique. Ce récit passionnant foisonne d’informations historiques. Avec rigueur, l’auteur parvient à mettre en évidence les enjeux de l’époque et redonne vie à cette incroyable aventure qui représente une grande page de l’histoire coloniale. Enrichissant et divertissant.
Verre casse (Alain Mabannkou; Congo): Le client le plus assidu du « Credit à voyager », un bistrot congolais crasseux, nous raconte la vie des éclopés qui le fréquentent. Un tableau de l’Afrique d’aujourd’hui où se côtoient la finesse et le grotesque, qui reviendrait à raconter la France depuis la lorgnette d’un PMU. Sympa à lire.
Les vertes collines d’Afrique (Ernest Hemingway): Un récit de chasse peu instructif où le lecteur est forcément choqué par ce besoin de tuer le kudu ayant les plus belles cornes ou l’impala au pelage le plus soyeux par pur plaisir et par compétition. On découvre cependant que, pour un chasseur, l’enjeu n’est pas uniquement le trophée à suspendre dans son salon. L’approche de l’animal, l’observation et l’attente dans les broussailles semblent jouissifs. Un peu ennuyeux.

 AFRIQUE AUSRALE

Les naufrages de l’île Tremelin (Irene Frain): L’auteur relate de sa très belle plume, l’histoire vraie et captivante d’un navire négrier échoué sur une île déserte, au large de Madagascar. Une aventure en vase clos, qui nous renseigne sur la réalité de la traite mais aussi sur les rapports entre les hommes. Excellent bouquin.

L’analphabète qui savait compter (Jonas Jonasson): Tout semblait vouer Nombeko Mayeki, petite fille noire née dans le plus grand ghetto d’Afrique du Sud, à mener une existence de dur labeur et à mourir jeune dans l’indifférence générale. Tout sauf le destin et sa prodigieuse faculté à manier les nombres. Ainsi, Nombeko, l’analphabète qui sait compter, se retrouve propulsée loin de son pays et de la misère, dans les hautes sphères de la politique internationale. Une comédie déjantée, explosive et rigolote.
Madame Ramatswa détective (Alexandre MacCall Smith; Botswana): C’est le roman policier le plus plat que l’ai pu lire, absolument sans suspense, sans relief. Et on n’y apprend vraiment pas grand chose sur le pays. A laisser aux oubliettes.

L’oeil du faucon (Wilbur Smith): Une histoire a l’eau de rose sur vieux fond de morale chrétienne, qui nous entraîne en Afrique australe, entre tribus sauvages, aventuriers chasseurs d’éléphants et esclavagistes. Ca se lit bien, mais c’est plutôt un roman réservé aux ménagères qui s’ennuient les aprés-midi apres la vaisselle

RIEN A VOIR

Soumission (Michel Houellebecq): Le livre décrit un futur proche en France dans lequel est élu un président de la république issu du parti politique musulman. Ce faisant, il formule les questions que se pose notre société en déclin, et qui trouve parfois des réponses dans les fascismes religieux et politiques.Lecture captivante. On espère que ce roman restera dans le domaine de la science fiction et non de l’anticipation.

Cinquantes nuances de Grey (E. L. James): Nul besoin de résumer ce livre dont tout le monde a entendu parler. Certaines se sentiront excitée en en parcourant les pages. Certains y apprendront peut-etre des choses sur la sensibilité du corps féminin et les secrets de l’orgasme. Pour ma part, ayant précédemment lu « Histoire d’O », ce roman ne reste qu’une histoire de midinette à l’eau de rose où le dilemme « Tu veux ou tu veux pas » et la description des sentiments de l’héroïne s’éternisent. Je ne lirai pas le deuxième tome.

Et on tuera tout les affreux (Boris Vian): Une farce loufoque, improbable, inclassable, dans le pur style de Vian. Un très bon moment de lecture.

 


 

 
5 Commentaires

Publié par le 16/08/2015 dans Récits de voyage

 

5 réponses à “Petite bibliothèque de voyage

  1. wunenburger

    21/08/2015 at 10:56

    Je suis avec beaucoup d’intérêt vos aventures africaines et vous souhaite encore bonne route jusqu’à votre retour. Bises brunstattoises d’Anne

    J’aime

     
  2. Nicolas

    22/08/2015 at 12:52

    Mais dans quelle pochette avez-vous fourré tous ces bouquins ?!!

    J’aime

     
    • aliciaetsam

      24/08/2015 at 3:54

      La magie de l informatique! Les gigas inseres dans ma lisseuse ne pesent rien. C est d ailleurs une de mes meilleures acquisitions faites avant de partir. C est trop pratique! Du coup, comme on dispose de la plupart de ces livres en version informatique, n hesitez pas a nous les demander (pour ce qui savent lire et disposent d un moyen de lire les ebook)!

      J’aime

       
      • nico

        24/08/2015 at 8:54

        C’est magique les livres chargés à l’énergie solaire, mais je parie que tu humectes encore ton index avant de faire dérouler ta page 😉
        Egalement bises brunstattoises !

        J’aime

         

Laisser un commentaire