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Zimbabwe

28 Août

[Ecrit par Sam]

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La stratégie de voyage que nous privilégions, c’est-à-dire l’option permanente des pistes les plus étroites et sinueuses, est garante de découvertes authentiques.

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Evidemment, en éludant ainsi du parcours les grandes villes et les pôles touristiques, nous perdons une dimension de la réalité, mais c’est ainsi qu’il nous plaît de vadrouiller, troquant un peu de confort et de sécurité contre de l’inconnu, de la singularité et de l’émotion. Encore une fois, dans cette optique, nos vélos s’avèrent être d’excellents outils, les meilleurs que nous connaissons.

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Nous traversons le Zimbabwe dans des conditions idéales à plus d’un titre. La météo se montre délicieuse:les journées ensoleillées offrent une température chaude mais sans excès et l’atmosphère nocturne se rafraîchit juste ce qu’il faut pour bien se reposer sous un ciel plus étoilé que jamais.

Les longs tronçons de nature sauvage aux reliefs doux et rassurants ne cessent de dévoiler de somptueux panoramas, sur des rivières, des lacs et des forêts à perte de vue.. La densité humaine est faible et on ne pratique pas de brûlis: ça change tout!

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Notre cohabitation avec la faune devient une habitude.

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L’éléphant glissant sa trompe sous la tente, l’hippo broutant autour de notre tambouille et la présence discrète du lion, ne nous surprennent plus, mais nous ravissent toujours de la même façon.

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Il est étonnant de constater l’aversion entretenue par les populations à l’encontre des animaux sauvages, qu’on peut comparer à la peur du loup et de la vipère chez nous. L’imagination dépasse souvent la réalité.

Bien sur, des accidents se produisent, mais, ici, la probabilité de succomber de la malaria, du sida, d’une mauvaise diarrhée ou d’un accident de la route est nettement plus forte.

Pour apaiser les conflits des villageois avec les pachydermes, d’opiniâtres écologistes que nous avons rencontrés, éduquent avec succès…les éléphants! Armés de fusils de paintball chargés de balles de ping-pong remplies de chili, ils pratiquent des raids nocturnes à proximité des zones habitées. Les éléphants, dont la mémoire est bien connue, exècrent le piment et se tiennent désormais à distance du village. Ces actions ne règlent malheureusement pas le problème du braconnage de brousse pour l’ivoire.

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Cela dit, les éléphants ne se portent pas si mal et leur présence modèle considérablement l’environnement. La forêt est parcourue d’un dédale de sentiers qu’ils se fraient comme des bulldozers, arrachant et craquant les arbres les plus hauts, réduisant les autres à l’état de banzai goulûment moissonnés.

Beaucoup plus menacés sont les rhinos, les blancs, et encore plus les noirs dont il ne reste plus que quelques rescapés du massacre.

Si les virulentes mouches tsé-tsé nous indisposent occasionnellement par leurs morsures douloureuses, ce sont surtout avec celles que nous avons baptisées « les mouches à trous » qu’il nous faut lutter. Ces petits moucherons, déboulant par cohortes, s’immiscent dans tout les orifices exposés, se délectant de nos sécrétions, s’abreuvant dans nos yeux, butinant narines et oreilles. C’est de la sale bête et rien ne semble assez efficace pour dissuader leur appétit.

De temps en temps, quelques conglomérats de huttes annoncent une vallée cultivée.

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Les hameaux familiaux sont amoureusement entretenus. Chaque matin, le sol de terre battue est soigneusement balayé en levant un nuage de poussière, marquant une frontière nette mais précaire entre les hommes et la nature.

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La vie agricole a fortement changé ici depuis une vingtaine d’années. Auparavant, l’agriculture était principalement pratiquée par des fermiers blancs (et leurs nombreux ouvriers noirs) descendants des colons anglais installés de longue date. Ils assuraient 80% des besoins alimentaires nationaux, mais aussi une grosse production destinée à l’exportation.

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L’économie reposait largement sur ces grands propriétaires terriens. Après la reforme agraire et la brusque confiscation des propriétés, les choses se sont gâtées. Les terres ont été distribuées à quelques privilégiés sans connaissance agricole, les fermes abandonnées, et un rapide désagrégement du secteur a plongé le pays dans la pénurie, provoquant inflation et famine.

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Aujourd’hui, les petits paysans vivotent en cultivant de petits lopins avec les moyens du bord, privés désormais de la science, des tracteurs, systèmes d’irrigation, et outils de transformations agroalimentaires.

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C’est un grand bond en arrière, provoqué par une idéologie plus basée sur la race que sur la classe, portée par l’omniprésent Mugabe, 91 balais, un des derniers grands dinosaures africains au pouvoir depuis 35 ans. Comme dans d’autres dictatures, l’ignorance du peuple est le meilleur rempart à la révolte: on nous accueille parfois en nous souhaitant la bienvenue dans un grand pays démocratique! Cela n’empêche pas qu’on nous appelle respectueusement « boss » ou « big man », en souvenir d’une époque où l’élite était blanche. Le temps des chaises à porteurs n’est pas si loin.

Comme ailleurs, la palabre est une activité prédominante: il est impensable de se trouver à proximité de quelqu’un sans entamer une causette passionnée.

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Les gens sont étonnés et ravis que des blancs se mêlent et s’intéressent à leur quotidien et rendent notre pérégrination aussi facile qu’enrichissante et agréable.

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L’activité commerciale se concentre dans des « center » parcimonieusement éparpillés dans la campagne, construits sur le modèle des villages du Far West. De part et d’autre de la piste, s’alignent des shops qui vendent tous la même chose, quelques produits de première nécessité.

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La monnaie nationale ayant disparu suite à la crise, elle a été remplacée par le dollar américain. Pour pallier aux problèmes liés au manque de petite monnaie, les marchandises sont empaquetées de manière à ce que chaque lot coute 1 dollar pile. Pratique!

Au milieu des magasins trône le bar, lieu de rencontre et de détente obligatoire des paysans venus de loin pour vendre et acheter, leur longue marche ne les ayant pas privés de l’énergie nécessaire pour esquisser quelques pas d’une danse endiablée.

Nous faisons aussi la connaissance des apostoliques, ces chrétiens polygames issus de la mythologie biblique et pères d’innombrables enfants dont ils ont oubliés le nombre et les noms. Leurs villages familiaux ressemblent à une colonie de vacances des années 50.

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Avant de quitter le Zimbabwe, il aurait été dommage de faire l’impasse sur les spectaculaires chutes Victoria. Larges de 1700m et hautes de plus de 100m, elles placent de manière autoritaire le spectateur dans sa condition de petitesse et de vulnérabilité face à la nature.

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Quelques tours de pédale plus tard, nous voila aux portes du Botswana…à bientôt.

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9 Commentaires

Publié par le 28/08/2015 dans Récits de voyage

 

9 réponses à “Zimbabwe

  1. blay

    29/08/2015 at 3:22

    merci! encore un superbe moment que vous partagez ! est ce que la floraison des cactus au cap vous attend ? vous serez de retour à la mi-octobre pour un méchoui?
    bises
    vero, flavien et camille

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    • aliciaetsam

      19/09/2015 at 6:15

      coucou.c’est aussi une jolie aventure que vous vivez.J’ai hate de rencontrer votre bout de choux! On a pris trop de retard pour etre a temps a la floraison.En plus chaque annee ce n’est pas exactement au meme moment.On a donc préféré prendre notre temps et profiter de la Namibie.On devrait rentrer mi octobre mais on ne sait pas encore quand exactement. Bises

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  2. Nicole

    31/08/2015 at 11:27

    Les paysages sont tellement magnifiques …

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  3. David MEY

    03/09/2015 at 12:19

    Hello,
    Super les photos des chutes Victoria!!!
    Je prends vrai gout à venir vous voir sur le blog, vous suivre à travers vos photos, vous lire!!!!
    Mais vraiment hâte de vous revoir tout les deux!!!!

    Biz 😉

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  4. Tcho

    18/09/2015 at 10:06

    Un petit coucou de France 🙂 Vous êtes toujours au Zimbabwe?

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    • aliciaetsam

      19/09/2015 at 6:45

      le Zimbabwe c’est fini!Et puis le Botswana aussi!On est maintenant en Namibie!

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  5. blay

    21/09/2015 at 2:44

    si vous voulez les coordonnées de copains en afrique du sud n’hesitez pas ils sont à cape town.
    vero

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    • aliciaetsam

      27/09/2015 at 5:36

      Merci pour ces coordonnees recues par mail. Ils m ont aussi contacte. Ne ne manquerons pas de les appeler. Bizz
      Ali

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