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Roulottes

25 Sep

[écrit par Sam]
La vie sédentaire et la vie nomade m’offrent tour à tour leurs bienfaits. Et la question du choix se pose inexorablement. Loin d’être un déchirement, c’est tout de même un tiraillement permanent qui maintient une brèche ouverte à la réflexion.

Je suis clairement un sédentaire, car j’aime mon chez-moi, voir régulièrement mes proches, prendre des habitudes, posséder des objets juste pour le plaisir d’avoir, disposer d’une foule d’outils et fabriquer des choses durables et encombrantes…

L’inertie de la sédentarité est commode et rassurante, certes. Mais elle rend myope. Elle place la ligne d’horizon aux limites de son logement, de son travail, de sa classe sociale, de son pays, de son éducation et des croyances dont on a hérité, et finalement de son nombril.
Pour ma part, la petitesse du cocon m’invite régulièrement à éclore. C’est ainsi que je me sens quand je pars: comme si chaque voyage était une nouvelle vie, après une reposante et reconstituante phase larvaire.

A chaque fois que je pénètre dans ce monde merveilleux mais réel qu’est la Terre, je redécouvre des sensations oubliées, précaires mais enivrantes. J’aime l’idée que rien n’appartient à personne, ou plutôt que tout appartient à tous. Je sais que le présent est éphémère et promet toujours de nouvelles rencontres, situations, aventures, … J’aime m’affranchir du matériel, concédant à la matière tout juste le droit de m’alourdir de quelques kilos somme toute utiles (un vélo, un couteau et trois slips, pour faire court). C’est la légèreté qui caractérise le plus la vie nomade. Qu’il s’agisse du matériel ou de l’esprit, c’est un préalable à la liberté.

Le voyage relativise l’importance que l’on accorde à telle ou telle chose. Il permet naturellement la remise en cause des certitudes. L’esprit nomade, émancipé, n’a pas peur de se libérer des codes et dogmes de la civilisation. Il découvre que rien n’est vrai et que rien n’est faux. Il sait simplement que c’est.

Ainsi, je ne considère pas le voyage simplement comme un déplacement géographique, mais véritablement comme une exploration de terrains inconnus, aussi bien physiques qu’immatériels. C’est dans ce contexte que je trouve l’harmonie et la paix. Dans le temporaire que je trouve l’intemporalité. Et ça, ça me plait.

Voilà en gros comment je me place entre ces deux existences antagonistes. J’ai besoin à la fois de la terre et du ciel, ou pourquoi pas du yin et du yang.

Bref, quel rapport avec les roulottes?

Ceux qui me connaissent savent que j’ai été assez indisponible, voire un rien casse-bonbons ces derniers temps. La construction d’une roulotte monopolisait mon temps et mon attention. Toutes mes excuses donc à vous tous qui m’avez supporté et soutenu, et particulièrement à Ali qui n’a pas trop râlé.

Cette aventure débute il y a un an. Avec mon pote Olivier nous entreprenons la construction d’une première roulotte, à quoi succédera rapidement une seconde.

Je ne sais plus précisément d’ou nous vint l’idée. Pour ma part, peut-être durant notre traversée du désert du Baluchistan dans un camion fantaisiste, ou peut-être de ces vieux wagons abandonnés au squat le long du Transsibérien…En tout cas c’est très certainement l’idée de concilier l’esprit nomade acquis et la sédentarité héritée qui a guidé le projet. Peut-être est-ce une chimère, un mythe. Cela dit, il n’en reste pas moins que ces roulottes existent et prétendent montrer une voie possible pour l’avenir dans un monde encore plus chouette, qu’il nous plait, à Olivier et moi, et tant d’autres, d’imaginer et de créer à notre convenance.

Voilà quelques images de cette dernière roulotte. Elle n’est pas encore tout à fait terminée, et c’est Olivier qui se charge de la finaliser. Ali et moi avons passé une nuit à bord, et on y dort bien, stimulé par un cerf bramant aux alentours.

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5 Commentaires

Publié par le 25/09/2014 dans Récits de voyage

 

5 réponses à “Roulottes

  1. Tcho

    07/10/2014 at 8:26

    Elle est sortie !!!! Superbe travail Sam, chapeau bas l’artiste. C’est vraiment magnifique ( aussi bien la roulotte que ces quelques mots que tu partages 🙂

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  2. Damien L.

    08/10/2014 at 10:19

    J’ai cru voir un défaut un instant… mais non.

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  3. MarieChât

    14/10/2014 at 11:03

    La même que Tchô, régalée par tes mots et les images de cette belle roulotte dont nous avions déjà entendu parlé ! Très beau travail !!!! Bonne route les aventuriers 😉

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    • arne pohl

      07/05/2015 at 7:43

      pas seulement l-argent dans le plastique des filtres…..en 1980 j-ai retappee une roulotte du cirque,achete un tracteur et comca je suis arrive en portugal.
      ca vous plait,l-ethiopia?……..nouvelles?????
      bonne route di arne…..warmshowers a addis ababa

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      • aliciaetsam

        13/05/2015 at 10:14

        Ah l Ethiopia! On est content de ne plus y etre. Ce n etait pas facuile! Et toi pas trop dur le retour?

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