[Ecrit par Sam]
La Zambie comporte de vastes zones sauvages, de grosses taches blanches sur la carte, qui appellent à l’exploration.
Peu d’info sont disponibles sur l’état des pistes, les distances, les ravitaillements, etc…On verra bien!
Une autonomie alimentaire pour une bonne semaine devrait suffire pour commencer.
Nous entrons dans la savane, un milieu très diversifié et changeant, tantôt forêt, marécage, clairière, lande herbeuse ou montagne rocailleuse.
C’est l’hiver, les arbres ont perdu leur feuilles, et le climat est sec.
Toute la vie sauvage se concentre désormais autour de la rivière Luangwa que nous longeons. Après de nombreuses semaines à la rencontre des hommes, retrouver une nature vierge et vivante est un apaisement, une espèce de retour aux sources qui offre du repos à l’esprit.
Les silences, les concerts de grenouilles, d’insectes, l’eau qui coule au fil des méandres,… C’est du dessert!
Nous retrouvons nos amis les hippopotames qui passent leurs journées de digestion à faire trempette, entre siestes et bruyantes bagarres.
On les trouve parfois par grappes de plus d’une centaine de morceaux.
Immobiles et aplatis sur les berges, les crocodiles montent la garde tout en faisant bronzette.
Les éléphants par troupeaux entiers viennent se désaltérer et s’ébrouer dans la vase.
Ils nous fascinent avec leurs airs de majesté pataude. Comme ils sont durs de la feuille et à moitié myopes, on peut les approcher de près moyennant certaines précautions. Par contre, si leur excellent odorat trahit notre présence, s’ils tournent la tête en déployant les oreilles comme une sommation, c’est le moment de déguerpir! Il nous est arrivé, au détour d’une piste de nous retrouver par surprise nez à trompe avec un énorme mâle de mauvais caractère. Nous lui avons finalement échappé moyennant un émouvant sprint dans la brousse.
Mais je crois qu’en règle générale, les animaux perçoivent nos intentions pacifiques.
Sans doute en est-il ainsi des lions dont nous avons constaté plusieurs fois les empreintes autour de nos bivouacs.
Nous avalons les pistes avec voracité, et dejà les premiers campements de paysans pionniers, annoncent la frontière avec le monde des hommes.
La présence de la mouche tsé-tsé interdisant l’élevage, ils subsistent laborieusement grâce à la culture du coton. C’est le moment de la récolte, les pompons blancs sont bourrés dans d’énormes sacs de jute puis acheminés à vélo vers les lointains centres de collecte avant d’être transformés en Asie.
La production est particulièrement mauvaise cette année. Les champs sont clairsemés de plants rachitiques: manque de pluie.
Pour améliorer l’ordinaire et agrémenter le nshima, les hommes ont recours à la chasse…à la souris.
On brûle le sous-bois pour mettre en évidence les terriers, puis on creuse. Les rongeurs sont alors directement bouillis à l’eau salée sans autre préparation. Une douzaine de paires d’yeux se braquent sur nous et nous mettent au défi. L’honneur est en jeu. Pas le choix:il faut goûter. Tout est bon dans la souris: ça se déguste du bout de la queue au museau, poils, os, dents et entrailles compris. Avec une bonne dose d’autosuggestion, on peut trouver à ce met sinon un certain raffinement, au moins une originalité intéressante.
Pour les amuse-gueules, nous préférons toutefois les vers de mopane, des chenilles qu’on grignote comme des curly.
Après cette longue errance dans le bush, une bonne douche et une bière fraîche s’imposent. Nous voilà à Lusaka, la capitale. La transition est brusque. La ville est en pleine expansion et mutation: de nombreuses entreprises étrangères s’implantent et investissent, les réseaux d’eau et d’électricité fonctionnent, les supermarchés regorgent de produits d’importation (dont du fromage français, qui arrive pour le moins affiné).
Aux abords de la cité, les enseignes d’usines à poulets rivalisent d’immensité avec les panneaux publicitaires pour des banques, de l’alcool ou des téléphones.
Le contraste avec l’arrière pays est saisissant. Ce continent est tellement diversifié que les qualificatifs qu’il évoque sont contradictoires. Nos impressions se construisent, puis s’écroulent à chaque découverte. Difficile de comprendre ce qui s’y passe vraiment, mais le changement est une évidence.
En tout cas, il est grand temps pour nous de répondre a nouveau à l’appel de la brousse. Un cran de plus vers le sud, nous entrons au Zimbabwe.
David MEY
23/08/2015 at 9:58
Autant les vers de mopane, pas de problème, mais la souri…..bof bof!!!!!
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aliciaetsam
24/08/2015 at 3:57
Il fallait oser! Au retour, promis on t en cuisinera!
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wunenburger
24/08/2015 at 10:23
Je suis votre périple avec beaucoup d’intérêt et d’admiration . Bonne continuation. Anne Wunenburger
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