Namibie

[Ecrit par Sam]

Un sentiment de détachement et de liberté absolue se dégage nettement à mesure que nous nous enfonçons dans l’immensité namibienne.

Sans conteste, ces contrées ouvrent la porte à de nouvelles perceptions, étrangères, exotiques, ésotériques peut être. Sommes-nous encore en Afrique, ou bien alors dans un lieu imaginaire puisant ses origines, ses formes, ses couleurs dans l’altiplano bolivien, le Gobi mongol et des peintures de Dali?

Sommes-nous encore sur Terre, ou bien sinon dans un univers extraplanétaire ou fictif? Cette terre est définitivement un ailleurs, un quelque-part ou un nulle-part.

L’errance apporte à chaque instant un nouveau panorama, un angle d’approche et de pensée toujours différent, déroutant, faisant douter de ce qui est grand ou petit, important ou futile, passé ou présent, sur ou incertain.

Les superlatifs se bousculent derrière nos lèvres qui ne savent comment exprimer une telle beauté, cette pureté, l’infini, la variété,…: grandiose, démesuré, hallucinant, éblouissant, époustouflant, trop,…

Pour cette aventure, nous faisons désormais équipe avec Jamie, un cyclo britannique rencontré en chemin. Nous n’avons croisé que très peu de cyclo-voyageurs en Afrique, bien moins que nous ne l’imaginions, et partager cette expérience unique est fort appréciable.

Les premiers tours de roue en Namibie nous amènent à rencontrer les Sans et les Hereros, éleveurs de bovins et derniers hommes avant les terres inhabitées de l’Ouest.

Les premiers, petits et maigrichons se distinguent nettement des seconds, grands et potelés, dont les femmes arborent des robes à la mode des colons allemands et hollandais d’antan et une coiffe caractéristique qui n’est pas sans rappeler avec fierté les cornes de leur bétail.

Au delà, le peuplement humain, du fait de l’aridité et du relief, devient très anecdotique.

Il faut parfois parcourir 200km de pistes sableuses pour rallier deux points d’eau.

Les localités mentionnées sur les cartes ne sont souvent en réalité qu’une station essence endormie ou une ferme tenue par un blanc solitaire.

Une atmosphère désuète et paisible de far west américain plane sur ces oasis d’humanité, et c’est avec un soulagement réciproque que nos haltes prennent la mesure que d’autres hommes existent.

Quittant ces lieux, chargés autant que possible d’eau et de biltong (viande séchée), nous voila à nouveau au pays des léopards, guépards, autruches, hyènes, oryx (antilopes à arriere-train de cheval), springbok (genre de petits chamois à ressort), chevaux sauvages, buffles, etc… qui, malgré l’hostilité apparente du milieu, le peuplent abondamment.

La végétation est archi sèche (les pluies se font attendre depuis des années), mais la vie animale subsiste miraculeusement.

Après de vaines tentatives d’affût à rhinocéros, il nous faudra donc nous contenter de les observer en photo, comme dans ce magasine de passionnés d’armes à feu, dissimulé sous une bible à disposition dans une Guest House.

C’est au crépuscule que les paysages offrent les plus beaux spectacles: les couchers de soleil sur les montagnes de roches brûlées sont somptueux, et nous n’avons pas souvenir d’avoir deja assisté à un tel déploiement de splendeurs ou que ce soit.

Puis, sans crier gare, tombe la nuit, comme une chape d’encre épaisse, laissant un silence absolu en guise d’unique présence. La voie lactée, incroyablement nette, dense et légère à la fois, suscite des rêves aériens qui défient les lois de la pesanteur. Bonne nuit les petits!

Faut-il encore ajouter à la liste des phénomènes surnaturels le plaisir d’assister à une éclipse totale de lune sur les dunes rougissantes aux aurores. Vraiment, la Namibie a sortie son grand jeu!

Autre spectacle de choix aussi, le lever de soleil sur un lac asséché en plein milieu du désert de Namib et d’une foret dépérie il y a un demi millénaire. On a beau chercher, il n’y a désespérément rien de commun, d’ordinaire par ici!

Une bonne dose d’amnésie sera t-elle necessaire pour s’émerveiller à nouveau de la beauté du monde dans le futur? On verra bien. En tout cas, on s’est bien régalé de ce dessert et on a le ventre bien rempli pour un moment!

Nous voila deja aux portes de l’Afrique du Sud, à quelques centaines de kilomètres du point final. A bientôt donc pour le dernier article!